Peut-être es-tu comme moi ! Sûr, parfaitement sûr de toi !
Même incollable sur la vie et les gens qui t'entourent !?
Pour moi, Lilian, 12 ans, pas encore toutes mes dents,
c'était le cas jusqu'à cet été.
Tout ce que j'ai vécu, en seulement un week-end,
m'a fait comprendre que la vie, la vraie vie, est beaucoup
plus compliquée que ce que les parents veulent nous faire croire.
Sans aventure, pas de courage et sans courage, pas d'aventure.
Un petit extrait ?
Pierre, un peu plus tard, se gare silencieusement sur le bas-côté de la route. En contrebas on aperçoit un vieux mas presque en ruine. Enfin ! On est arrivé !
Le soleil est encore haut dans le ciel et la voiture est trop visible du vieux mas, alors Pierre s’avance vers de gros pins, cinquante mètres plus loin.
- Ca y est, je crois qu’on y est cette fois, et on est les premiers. La voiture est à l’abri des regards, attendez-moi à l’intérieur ! Je vais aller devant, en éclaireur.
- Entendu, approuve Florina. Mais moi, je vais aller un peu plus loin, pour voir si je peux trouver de quoi manger, et je vous ordonne, les enfants, de ne pas quitter cette voiture avant que Pierre ou moi ne soyons revenus, c’est compris ? !
- Compris !, répondons-nous en chœur.
Pierre s’approche tout en souplesse et le plus discrètement possible du vieux mas ; le dos plié en deux, la tête presque au niveau des genoux. Les seuls abris possibles sont des buissons complètement secs et quelques amas de rochers çà et là. L’approche est… ridicule, mais il trouve une cachette presque à sa taille ! Il me fait penser à un lion caché derrière un ananas pour surprendre l’antilope.
Apparemment il est content de lui parce qu’il se retourne et nous fait signe que tout va bien.
Florina, quant à elle, marche sur une route déserte. Elle a beau regarder de tous les côtés, elle ne voit pas âme qui vive, tout est dépeuplé autour d’elle, le vieux mas est vraiment très isolé. Elle décide de faire demi-tour et nous fait signe qu’elle part rejoindre Pierre. Elle entame alors sa descente quand Pierre s’en aperçoit. Il souffle, agacé par cette initiative imprudente.
De notre perchoir, nous pouvons les apercevoir se quereller. Le lion et la lionne derrière leur petit caillou ridicule… Je ne me lasse pas de les regarder, c’est à chaque fois un vrai spectacle, il ne me manque que les popcorns. Mais Barth lui, les ignore, indifférent à cette espèce très répandue sur notre planète. Il préfère les dinosaures, tu te souviens ?
Sorti de ses pensées les plus intimes, par un bruit de moteur se rapprochant de notre voiture, il se retourne, et aussitôt s’affole !
- Lilian, ils arrivent ! Vite, il faut faire quelque chose !
Mon regard se fige alors sur la voiture qui se rapproche de nous, puis je cherche des yeux Pierre et Florina toujours en train de se disputer, à mille lieues de réaliser ce qui se trame.
- Trop tard, je crois qu’ils nous ont repérés, cache-toi, vite !
On se blottit entre les sièges pour se faire le plus discret possible.
Les deux affreux sortent de leur voiture, ils ont repéré la nôtre, bien sûr ! Elle aussi, bien cachée derrière son tronc d’arbre !
Ils hésitent puis s’avancent, menaçants.
Barth et moi nous mettons tous les deux à trembler. Leurs pas résonnent clairement et se rapprochent dangereusement de nous. Du côté de Barth, rien ne va plus, flou général.
Max et Frédo se sont multipliés, ils sont au moins quarante ! Des haches énormes au bout de leurs mains sanguinolentes cassent la vitre qui vole en éclat…