Refuser de céder ses terres à un peuple barbare, se battre contre l'injustice, la cruauté et la trahison. Mais n'est-pas le peuple qui refuse d'honnorer les termes d'un traité, le plus barbare ? Ce dilemme divisera le peuple de Gorm, alors que cinq jeunes hommes et femmes décideront d'affronter la vérité. Quel qu'en soit le prix !
Un petit extrait :
Tilaïa et Lackron vérifièrent leurs armes avant de se fondre dans la végétation. Ils avancèrent à couvert, tous les sens en éveil. Depuis qu’ils avaient eu l’honneur d’être désignés comme guerriers et donc chasseurs, puisque l’un n’allait pas sans l’autre, ils affrontaient régulièrement leurs ennemis. Tilaïa avait constamment une main sur l’épaule pour retirer le plus vite possible une flèche de son carquois et ne pas perdre une occasion de tuer une proie, pendant que Lackron veillait, tous les sens en éveil. Ses deux poignards, pointes vers le haut, étaient bien accrochés à sa ceinture et une main retenait son épée à deux mains, longue de presque un mètre, attachée dans son dos. Son geste était presque identique à celui de Tilaïa, mais l’arme était bien différente. Son poids de moins de deux kilos la rendait très maniable malgré sa taille. Après la poignée de cuir, elle ondulait gracieusement, de façon à faire glisser les lames ennemies sans le toucher, alors qu’à la pointe, cinq trous perçaient la lame en son centre sur les vingt premiers centimètres, réduisant la résistance lors de la rencontre avec le corps de ses ennemis. Elle était redoutable et Lackron en était très fier en repensant à toutes ces heures passées à l’imaginer puis à la forger.
Ils marchaient côte à côte, presque dos à dos pour couvrir de leur regard le plus de distance possible. Ils évitèrent les crevasses cachées dans les herbes, mais aussi les branches basses d’où pouvaient se laisser tomber les serpents venimeux. Le sol était devenu trop dur pour laisser des empreintes et les feuilles séchées ne leur laissaient que peu d’indications sur le passage d’une proie.
Un lièvre eut tout de même la malchance de sautiller à portée de flèche et un petit cochon vint s’embrocher dans la lame de Lackron.
Ils entendirent soudainement le bruit de brindilles que l’on écrase puis de branches que l’on casse. Lackron fit signe à Tilaïa de se mettre à couvert, qui s’accroupit aussitôt en brandissant son arc.
Le bruit se rapprochait lentement, mais laissait présager un animal suffisamment gros pour qu’ils deviennent eux-mêmes une proie.
Le fauve se jeta sur Lackron qui ne lui laissa aucune chance. Le reflet de la lame disparut dans l’épaisse fourrure brune tachetée de noir de cet animal de plus de six cents kilos. Il roula à terre dans un gémissement et Lackron l’acheva en lui tranchant la gorge.
— Je déteste tuer un animal que l’on ne mangera pas.
— Mais si tu ne l’avais pas fait, c’est nous qui aurions fait son festin.
— Tu as raison, mais…
— Argh !
Distraits par leur victime, ils avaient baissé leur garde et n’avaient pas entendu un autre ennemi, bien plus sournois, s’approcher d’eux. La pointe d’une flèche venait de déchirer la cuisse de la jeune femme.